Mai 2006 : Cap D’ail, pour no-made : « Performance du tunnel mal aimé »
Performance du tunnel mal-aimé, Cap d’Ail pour no-made mai 2006 de Sophie Taam avec Valérie Palma et Géraldine Le Léannec, réalisation Jean-Claude Fraicher, captation Fraicher et Gabriel Fabre
L’idée de la performance du tunnel mal aimé est née lorsque nous avons visité les tunnels avec Denis Gibelin, le créateur de no-made, et Valérie Palma. Nous avions parcouru le grand tunnel, l’enfant chéri de Denis, qui est le lieu habituel des activités artistiques de no-made et ensuite, nous sommes allés dans le deuxième tunnel, qui est plus petit, un peu plus éclairé, et un peu caché. Denis et Valérie ont exprimé une sorte de malaise qu’ils ressentaient dans ce tunnel. Et moi j’ai dit : « Ah ! c’est comme un enfant mal-aimé ! » d’où l’idée de le réhabiliter en le baptisant et lui donnant un nom, « le tunnel mal-aimé ».
La première partie de la performance, la séparation, se déroule dans le grand tunnel. On commence au centre avec un duo a capella de Haendel tiré de l’opéra Rodelinda, qui est un air de séparation de la soprano et la contralto. On chante cet air en s’éloignant chacune aux deux extrémités du tunnel.
Ensuite, je vais dans le deuxième tunnel, la phase de la superposition et je chante un extrait d’un opéra contemporain de Laurent Petitgirard,« Elephant Man », pendant que Valérie dans le premier tunnel reprend seule sa partie du duo de Rodelinda et que Géraldine Le Léannec prépare la plaque en ciment. Le choix de Géraldine Le Léannec dans cette performance n’est pas un hasard. Elle était l’amie à l’époque de Thierry Boussard, peintre qui traversait une très longue période « éléphant » et elle-même, sculpteur, travaille sur la monstruosité.
La troisième et dernière partie de la performance, qui est la construction, se déroule à l’extérieur du tunnel mal-aimé où Valérie a amené tous les spectateurs et participants de la performance et où moi je la rejoins après avoir traversé le deuxième tunnel en chantant l’air d’Elephant Man. Je grave la plaque « Le mal-aimé » avec la date de la performance et on l’ appose.
C’est la phase de la construction car c’est le nom qui va donner son identité au tunnel.
Toute la tension dramatique pour moi de la performance consistait à voir quelle allait être la réaction des gens, c’est-à-dire est-ce qu’ils allaient rester dans le premier tunnel, est-ce que certains allaient me suivre ou est-ce que vraiment le deuxième tunnel allait revivre sa vocation du mal-aimé et être de nouveau ostracisé …