Champoliion fin Patriote

Champoliion fin Patriote

 

Une bien mauvaise nouvelle que serait la disparition du journal Le Patriote. Il défendait, depuis très longtemps, avec des moyens dérisoires, la pluralité de la presse et par extension, une certaine idée de la démocratie. La liberté de la presse, ne nous faisons pas d’illusion, n’existe plus en France, car comment mettre sur un pied d’égalité des journaux n’ayant absolument pas les mêmes ressources et les mêmes moyens ? Le Patriote survivait par la force des convictions résistantes de ses fondateurs, de ses membres et de son Histoire. Il ne s’agit même plus de liberté de presse désormais, on va passer dans l’ère de la dictature médiatique, où seuls les influents et la doxa politique auront le droit de s’exprimer et, par conséquent, d’influencer l’opinion des lecteurs. Le Patriote était une lucarne de liberté dans l’environnement nécrosé, tant au niveau politique qu’artistique de Nice et ses environs. Notre région, dominée par les extrêmes, a généré la force de résistance adaptée aux forces anti-progressistes qui la constituent : activistes, artistes, militants de tous poils. Le Patriote est ( était ? Non, non, non) l’un des ultimes bastions, l’un des derniers endroits de légitimité, d’espoir et d’expression. Sa collaboration avec les artistes est historique, depuis Picasso, qui, déjà, avait mesuré l’importance symbolique de ce journal. Le Patriote a toujours donné une voix aux artistes de la région, indifférent à leur adhésion aux doxas esthétique et politique en vigueur. De nombreux projets artistiques ont vu le jour, notamment avec des associations et des mouvements d’artistes indépendants ( le Hors- Série, des Unes d’artistes, le supplément du Sept Off ), toujours de grande qualité. Je ne peux m’empêcher de déplorer qu’il n’existe plus d’artiste de renom ayant suffisamment de pouvoir et de moyens pour épauler le journal dans sa période d’agonie. Mais peut-être n’est-ce, là aussi, pas le fruit du hasard, hélas ?

Le Patriote était un masque à oxygène à appliquer en cas de dépressurisation et d’étouffement, qui est notre lot quotidien ici. Souhaitons de tout cœur qu’une solution soit trouvée ou une renaissance s’effectue, sans quoi l’air local risque de devenir vraiment irrespirable.